D'où vient dès lors la remise en cause régulière de la consommation de viande, sous divers prétextes, dans les sociétés actuelles? Plutôt que d'incriminer les dérives de l'élevage industriel, Jean-Claude Poizat fait remonter cette tendance au XVIIIè siècle, soit les débuts de la révolution industrielle en Angleterre. Celle-ci a enclenché un «éloignement de plus en plus grand des populations urbaines occidentales par rapport à la nature, au monde rural et aux animaux, surtout les animaux dits "de rente", qui travaillent, qui ont été domestiqués et sont utilisés par l'homme». Les citadins d'aujourd'hui, dit Poizat, ne connaissent la vie des bêtes qu'au travers de leurs animaux de compagnie, et comme ceux-ci ne travaillent pas, les populations urbaines ont tendance à considérer «qu'aucun animal ne devrait travailler». Les «animalistes» préconisent quasiment la disparition des animaux de rente... pour leur propre bien! Ce qui, pour le philosophe, reflète surtout «une ignorance et un mépris du monde rural, avec lequel toutes les attaches traditionnelles ont été rompues».