Quant à Benoît Renkens, il se plaît beaucoup dans sa nouvelle vie. «Je n’aurais jamais cru qu’à 50 ans, je me retrouverais à organiser la plus grande foire d’Europe! Je me réjouis d’avoir la 2ème qui arrive. Échanger avec mes collègues, parler vacances, parler de choses non agricoles, c’est nouveau pour moi. Et on se rend compte que c’est gai de travailler, mais qu’il y a autre chose à côté, qu’il y a une vie, qu’il y a des choses à voir. Et qu’il n’est pas trop tard pour les vivre quand même.» Et quand le moral va, tout va! Benoît a retrouvé le sourire, il a repris du poids, repris du plaisir à vivre. «Mes amis me le disent! Ils me disent que je vais mieux depuis que je suis à Libramont, qu’on a retrouvé le Benoît souriant qu’on avait perdu.» Et si rester dans le monde agricole n’était pas une absolue nécessité pour l’ancien éleveur de porcs, il est très content de garder plus qu’un pied dans le milieu puisque cela lui permet de pouvoir valoriser son expertise. Lui aussi est passé par une phase de réorientation professionnelle. Elle l’a conforté dans son amour du monde agricole, mais aussi dans l’importance du social, chose qu’il a retrouvée dans son emploi comme chargé de relations et projets agriculture pour la Foire de Libramont. «On se dit souvent que ça va aller mieux demain. On est trop souvent dans le déni. Ce qui est important, c’est de pouvoir en parler, de pouvoir demander conseil autour de soi. À la famille, à son banquier, à son conseiller… Il faut pouvoir regarder ce qui se fait autour de soi et ne pas être borné car il peut y avoir une autre vie sur le côté. Et surtout, il faut éviter le drame du geste ultime. On n’en parle pas assez… C’est important. Ça m’a traversé l’esprit, mais c’est con. Des solutions, il y en a toujours, quel que soit le problème!»
Un avis que partage Christian Royen, lui qui a pu s’appuyer sur un psychologue pour rebondir. « Il m’a aidé à prendre la décision d’arrêter. Il a réussi à me faire comprendre que je pouvais faire autre chose, que je pouvais valoriser mes compétences et retrouver la qualité de vie que j’avais perdue.» Et celui qui préfère voir le verre à moitié plein d’ajouter, tout sourire: «J’aime ma vie! Quand tu as frôlé la mort, tu vois la vie autrement. Il ne faut pas gâcher ce qu’on peut encore faire, ce qu’il te reste à vivre, il faut en profiter pleinement. Même si l’important n’est peut-être plus là où il était. Il faut toujours rester optimiste plutôt que de s’enfoncer, il peut y avoir une autre vie!»
Et Benoît Renkens de conclure: «Les anciens agriculteurs ont des compétences et quelqu’un pourrait toujours en avoir besoin. Il faut valoriser ça. Moi, j’ai un vécu et j’ai eu la chance d’avoir bien rebondi. Alors si quelqu’un veut me contacter, si quelqu’un veut en parler, ma porte est ouverte. Je veux être là pour les autres. Il ne faut pas renier ce qu’on a fait. On l’a bien fait… Mais parfois, il faut tourner la page. Ça ne veut pas dire fermer le livre, mais simplement tourner la page, car il reste encore plein de chapitres à écrire! On peut reconstruire quelque chose. Il y a un demain. Vraiment!»